Saint Jacques de Compostelle et son Chemin nous attire, mais par où y aller ? C’est une grande question que beaucoup de pèlerins se posent avant de partir. La Voie du Puy ? de Vézelay ? de Bruxelles ? d’Arles ou une encore une autre ? Moi aussi je me suis posé cette question avant de partir. Et j’ai trouvé la réponse, qui est très personnelle d’ailleurs, en arrivant à Saint-Jacques-de-Compostelle… Mais aujourd’hui je souhaite quand même partager avec vous « ce qu’il faut savoir » pour « bien » choisir son Chemin de Compostelle, avant d’en faire une liste.
L’esprit du Chemin de Saint Jacques de Compostelle
Mais tout d’abord, prenons un tout petit peu de recul sur ce qu’est le Chemin de Saint Jacques de Compostelle. C’est un pèlerinage, et un pèlerinage, c’est partir marcher vers un lieu sacré. Alors aujourd’hui, dès qu’on dit pèlerinage, on pense immédiatement à celui de Saint-Jacques, mais il n’y a pas que lui. Par exemple, la Chrétienté a trois grand pèlerinages : Saint-Jacques-de-Compostelle, Rome, et Jérusalem. Les Musulmans ont le pèlerinage de La Mecque ; les Juifs celui de Jérusalem ; les Orthodoxes, les Hindous, les Shintoïste ont également le leur, etc etc…
Bref, toutes les Religions ont au moins un point commun universel : le Pèlerinage. Et ce n’est pas d’hier ! Nous avons trouvés des traces voire des preuves archéologiques de l’existence de pèlerinage dans toutes les Religions de l’histoire de l’humanité ! En -2500 avant J.C, dans ce que l’on appelle aujourd’hui la Grande-Bretagne, il y avait déjà le pèlerinage de Stonehenge. Il a au moins 4500 ans d’âge ! Et si ça se trouve, les gens qui étaient là avant avaient eux aussi leur propre pèlerinage…
Le pèlerinage de Compostelle
Après cette prise de recul multimillénaire, revenons à notre pèlerinage du jour. Cela fait environ Mille ans que les Chrétiens affluent sur les chemins de Saint Jacques. Au début, le pèlerinage était réservé à une certaine élite, vu le coût que cela représentait. En plus du fait que plus de 80% de la population européenne était paysanne. Puis, au fils des siècles, au gré des guerres et de la paix, des épidémies, des famines et l’abondance, des conflits entre royaumes, les frontières qui s’ouvrent et qui se ferment, ils s’est démocratisé avec des hauts et des bas.
En l’occurrence, depuis quelques années, nous sommes dans un haut. Presque complètement oublié, il a littéralement ressuscité de ses cendres à la fin des années 80, et aujourd’hui, ce sont plus de 300 000 pèlerins qui y vont tous les ans. (Or période d’épidémie Coronavirus bien entendu). Et, à l’époque confortable de profusion et de paix en Europe que nous avons depuis quelques décennies, nous avons l’embarras du choix !
C’est en quelque sorte un problème de riche. Lorsque la peste emportait la moitié de la population de l’Europe, que les Sarrasins razziaient en Espagne, ou que notre bon Roy Louis XIV fermait les frontières du royaume, la question ne se posait même pas…
L’embarras du choix
Alors, aujourd’hui nous avons la chance d’avoir l’embarras du choix. De plus, avec les moyens de transports modernes, nous pouvons nous permettre facilement de rallier Notre-Dame de Paris, Vézelay ou bien Le-Puy-en-Velay pour prendre notre départ là où on veut.
De plus, nous entendons beaucoup de gens prêcher leur paroisse en disant que telle Voie est meilleure que les autres, parce que patati patata… Ou bien, à l’opposé, quand je préparais mon départ, un ancien jacquaire m’a dit qu’il l’avait fait sept fois, par sept chemins différents, et qu’il faut tous les faire... On n’est pas plus avancé.
Après avoir fait moi-même mon Chemin (que je raconte dans cet article : « Mon » Saint-Jacques ), j’en suis arrivé à la conclusion que ce n’est pas l’endroit d’où on part qui est important, mais plutôt l’expérience de faire son Chemin.
De plus, en France, on entend parler majoritairement des quatre grandes voies, réputées les plus anciennes car mentionnées dans le Codex Calixtinus… Cependant, en prenant à nouveau du recul, on s’aperçoit que des départs de Saint-Jacques… il y en a absolument partout !
Et encore, si on cherche un petit peu plus loin, on trouvera même les Chemins de Compostelle Danois, le Camino Latvia qui commence en Lettonie ou le Camino Polaco en Pologne… Ca commence à faire quelques kilomètres avant d’arriver à destination…
De plus, il y a beaucoup d’itinéraires secondaires qui sont créés encore aujourd’hui. Je pense à la Via Arverna par exemple qui part de Notre-Dame du Port à Clermont Ferrand, et qui passe par les magnifiques Monts du Cantal. On trouve également tout du long des itinéraires des variantes passant par des sites exceptionnels comme Rocamadour, etc etc…
Cela commence à faire beaucoup de Chemins différents, mais où peut-on trouver tous ces itinéraires ?
Où trouver son Chemin de Saint Jacques de Cpmpostelle ?
Il existe beaucoup d’outils pour trouver et choisir son Chemin de Compostelle, aujourd’hui nous ne parlerons que de quelques uns que j’utilise régulièrement. Pour ceux qui aiment le papier, ils trouveront d’innombrables topo-guides et Guides du Pèlerin.
En outil numérique, vous trouverez notamment :
- l’excellent site de l’ACIR (lien) qui référencie les itinéraires les plus utilisés, ainsi que leurs hébergements
- mon site préféré : HikingWayMarkedTrails (lien)
Ce site est une de mes sources d’inspirations les plus profondes depuis que je me suis mis à la randonnée. Où que j’aille eu Europe, j’y trouve des chemins balisés dans tous les sens, leur longueur, leur profil altimétrique… Bref, une vraie Bible du randonneur et du pèlerin qui se prépare à partir ! Je vous invite à aller y faire un tour par curiosité, vous risquez juste d’y passer beaucoup de temps…
Ce site illustre parfaitement la réponse à cette question du « où ? » : Partout, et même devant notre porte ! Car s’il y a autant de départs de Saint-Jacques, c’est qu’à l’époque on partait de chez soi, à pied. Que l’on soit Auvergnat, Bourguignon, Parisien, Breton, etc etc… il y a partout des départs, qui se rejoigne tous en un point unique : Santiago. Les Chemins forment donc une grande toile d’araignée qui recouvre littéralement le monde (du moins occidental).
Et pour beaucoup de pèlerin, il y a ce fantasme de partir de chez soi à pied. Rallier Saint-Jacques depuis le pas de notre porte… Hé bien aujourd’hui, il n’a jamais été aussi facile de faire de ce rêve une réalité. On peut donc utiliser cette carte des chemins de randonnée comme une carte routière, en prenant à gauche ou à droite aux intersections de sentiers. La seule différence étant que l’on marche à 4 km par heure… donc les carrefours arrivent moins rapidement ! Et une longue ligne droite prend parfois plusieurs jours entiers de marche…
Les Chemins du Saint Jacques de Compostelle côté Français
Vous l’avez compris vous serez libres, chers amis lecteurs, de choisir votre Chemin à vous en fonction de ce que vous dit votre cœur, et là où vous habitez. Voici une liste non-exhaustive des 4 grandes Voies qui s’offrent à vous côté français, et ce qu’on en dit (pour les visualiser, ce sont les 4 tracés bleu référencé cette) :
- La Voie du Puy-en-Velay, « Via Podiensis » : la Voie dite historique. Elle vous fera partir d’Auvergne, du Puy-en-Velay. Magnifique départ de cette cité médiévale vraiment électrisante. Elle traverse l’Aubrac puis le Sud ouest de la France
- La Voie de Vézelay, Via Lemovicensis : Vézelay, la colline éternelle est une ancienne ville fortifiée trônant au sommet d’un éperon Bourguignon. Elle passe par Nevers, Limoges, puis Périgueux
- La Voie de Tours, Via Turonensis : passe par Poitiers, Bordeaux, les Landes
- La Voie d’Arles, Via Tolosana : au départ d’Arles, elle nous fait traverser MontPellier, le Haut-Languedoc, Toulouse
Puis ces quatre voies vont traverser les Pyrénées, les trois premières par Saint-Jean-Pied-de-Port. La quatrième par Somport. Remarquez que pour traverser une chaîne de montagne, on passe toujours par un port…
Et derrière les Pyrénées…
Les Caminos côté Espagnol
L’Espagne ! Les quatre Voies Françaises débouchent tout naturellement sur…
- le Camino Frances ! Le « Chemin des Français » (ou des Francs à l’époque Carolingienne). C’est la Voie la plus utilisée, certains diront même peut-être un petit peu surchargée
- le Camino del Norte est une alternative très intéressante au Frances. En effet, il lui est parallèle, mais longe l’Océan Atlantique, au nord de la cordillères cantabrique. Donc, au lieu d’y trouver les grosses chaleurs estivales du plateau Espagnol, on y est rafraîchi par le vent et l’humidité de l’océan. De plus, les pèlerins qui cherchent un petit peu de calme seront ravis de le voir beaucoup moins fréquenté que le Frances. Enfin, il est dorénavant suffisamment bien pourvu en hébergements et albergue pour pouvoir dormir en dur tout du long. Je ne rentre pas plus dans le détail ici, mais pour ceux qui y pensent, voici le lien vers l’article que je lui ai dédié 🙂 : Camino Del Norte ou Camino Frances ?
Evidemment, l’Espagne est parcourue par d’autres Camino, au départ de Barcelona, Madrid ou bien Séville (la redoutée et torride Via de la Plata). De plus, le Portugal lui aussi à son Caminho Portugues au départ de Lisbonne, surtout équipé, fréquenté et très agréable depuis Porto. Ce Caminho est tellement agréable, que c’est lui qui détient le palmarès de l’augmentation de pèlerins depuis ces 10 dernières années.
Le reste de l’Europe
Comme nous en avons parlé dans l’esprit de Compostelle, avant les pèlerins partaient à pied du pas de leur porte. Tout l’Europe est donc maillée d’un réseau de Chemin de Saint Jacques de Compostelle au départ des plus grandes villes de ce continent. Un ami de la Fédération Française de la Randonnée Pédestre m’a même soufflé l’autre jour que « Compostelle : c’est le plus ancien réseau de GR (chemins de Grande Randonnée) du monde ! »
Par exemple, nos amis Belges prennent le départ de Bruxelles, qui relie Paris par le GR656 avant de rallier la Via Turonensis.
Quant à nos amis Suisses, deux Chemins partent de Genève : l’un pour rallier Vézelay, l’autre Le-Puy-en-Velay.
Les Hollandais et les Allemands sont eux bien présent sur les sentiers, car ce sont quand même les plus grands randonneurs d’Europe !
Etcetera Etcetera… ce qui est beau aussi avec Compostelle, c’est que nous partons tous d’endroits différents, pour arriver tous au même point.
« Mes » Chemins de Saint Jacques de Compostelle
Ces dernières années, mes pérégrinations m’ont amenés à traverser à pied l’Europe entière. Saint-Jacques étant un point de passage obligé pour moi, j’y suis allé. J’ai donc emprunté le Caminho Portuguese, un peu le Frances, et tout le Del Norte. Ne sachant pas quel départ prendre en France… et bien je suis passé par Paris, Vézelay, et le Puy-en-Velay, les trois qui m’appelaient. Mes pas m’ont également amené sur le GR656 (le Chemin de Compostelle entre Bruxelles et Paris) et le Den Danske PilgrilmRute (le Chemin Danois) lorsque j’ai traversé le Danemark en revenant de Cap Nord.
Et bien aujourd’hui je peux écrire sereinement que quelque soit votre Chemin vers Saint Jacques de Compostelle, il sera bon pour vous, et vous apportera quelque chose.
Pour ma part, depuis que j’en suis revenu, j’ai démissionné de mes précédentes fonctions, et aujourd’hui j’aide les pèlerins et les randonneurs à se préparer, pour eux aussi vivre ce qu’ils ont à vivre sur leur Chemin 🙂
Pour celles et ceux qui sont en train de faire leur sac, vous trouverez par exemple la Liste de Matériel pour le Saint-Jacques à télécharger gratuitement en cliquant sur ce LIEN.
Et pour aller plus loin, vous trouverez la formation Vidéo de préparation au Saint-Jacques-de-Compostelle ICI .
Alors comme on se salut sur le Chemin : Ultreïa !
6 replies to "Le(s) Chemin(s) de Saint Jacques de Compostelle"
Merci de partager, votre site est très bien construit, vos conseils sont très utiles. Québécois et Qébécoise qui partons pour Frances le 9 août prochain.
Bon Camino ….
Bonjour René, merci de votre commentaire, et je vous souhaite un Bon Chemin sur le Frances 🙂 !
bonjour David, merci pour ce site ! Je voulais savoir si vous avez eu des difficultés en faisant le chemin « à l’envers » : le balisage est-il suffisant sur la via Turonensis dans le sens Tours vers Paris ?
Bonjour Agathe, c’est avec plaisir 🙂
Bien souvent le Chemin n’est balisé que dans un seul sens, suivre sa trace « à l’envers » est donc forcément plus compliqué.
Je n’ai pas fait cette section entre Tours et Paris, je ne peux donc pas confirmer son balisage.
Bonjour David,
Pierre, mon Compagnon de route …et du Chemin de Compostelle, avions arrêté ce dernier juste avant les années Covid et désirons le reprendre, mais à l’envers – il est diabétique et en insuffisance cardiaque et, au moins, je me suis dit que voir Cap Finisterra et Santiago serait peut-être mieux, quitte à abandonner notre Camino (nous nous étions arrêtés à Burgos).
D’où ma question : avez-vous fait cette grande portion à l’envers, David ? Si oui, pensez-vous qu’elle soit plus difficile à suivre et que nous pouvons avoir la crainte de parfois, ou souvent même, nous égarer ?
Nous sommes des seniors de 75 et 70 ans et, pour les deux parties faites du Puy-en-Velay jusqu’à Logrono et de Logrono à Burgos, nous avions fait appel à un organisme. Nous étions évidemment délestés de nos sacs et du souci des recherches d’hébergements. Nous poserons la question aux organismes contactés alors pour savoir si il serait possible de reprendre notre Camino dans l’autre sens. J’en doute et c’est pourquoi j’aimerais savoir comment vous jugez notre projet.
Avec nos plus vifs remerciements.
Brigitte et Pierre
Je vais suivre votre Blog en tous cas.
Bonjour Brigitte et Pierre,
Oui, j’ai fait le Camino del Norte à l’envers. Et oui, il est plus difficile à suivre à l’envers car le balisage n’est fait que dans un sens (vers Santiago évidemment) !
A titre personnel, j’ai une petite expérience de la navigation et de la cartographie et j’ai réussi à le faire à l’envers juste avec un fonds de carte (Open Street Map) et une boussole. J’ai du m’égarer une fois ou deux sur 900 kilomètres, ce qui reste raisonnable.
De plus, si vous avez une application GPS ou un GPS de randonnée, suivre la trace du Chemin sera plus facile.
Quant à organiser le portage du sac et les hébergements « à l’envers », je ne saurais pas vous dire. Mais vous ne risquez rien d’essayer de contacter des organismes.
Enfin, je vous invite à bien écouter votre corps et vos limites, surtout Pierre qui a quelques antécédents de santé, afin de pouvoir faire votre Chemin de manière sécurisé. Par exemple, l’avis médical de votre médecin généraliste et de votre cardiologue sont important. Ainsi que la la diminution du poids de sac et des étapes afin d’être faisable.
Voilà ce que je peux vous en dire, et au passage je vous souhaite la bienvenue sur le blog,
David