La France subit une vraie invasion de tiques, ces parasites qui piquent la peau des animaux (le chien, le chat et même l’homme) pour en sucer le sang. Or, c’est un vrai risque de santé dans la mesure où ils peuvent nous transmettre des maladies, dont la terrible maladie de Lyme ! Alors pourquoi y a t il de plus en plus de tiques ? Est-ce la faute à l’homme ? D’où vient cette maladie ? Et enfin, que faire pour lutter contre cette invasion / épidémie ?
Pourquoi il y a de plus en plus de tiques ?
C’est une excellente question ! Et vu l’ampleur de ce problème de santé publique, vous êtes de plus ne plus nombreux à vous la poser. Alors pourquoi y a t il de plus en plus de tiques en France, en Europe, au Canada, et aux USA ?
On entend beaucoup dire que c’est « la faute au réchauffement climatique« . C’est vrai que c’est un facteur qui a son importance. Le réchauffement de certaines régions augmente effectivement la population de tique, les hivers trop doux les favorisent également, et on retrouvent ces parasites de plus en plus en altitude dans nos montagnes.
Cependant, il me semble que le réchauffement climatique a bon dos, comme d’habitude d’ailleurs depuis quelques années… Et que l’on oublie un peu trop vite les 3 facteurs principaux de pullulation des tiques : les hôtes, leurs habitats préféré et leurs prédateurs ! Commençons par :
L’Hôte des tiques
Les tiques sont des parasites qui vivent grâce aux animaux dont ils sucent le sang. En l’occurrence cet acarien fait 3 repas sanguin dans sa vie. Et son hôte (=l’animal qu’il pique pour faire un repas sanguin) préféré est le mammifère. Même s’il parasite également des oiseaux et des reptiles.
Parmi les mammifère, la souris / le rat, les cervidés (chevreuil, cerf, daim…) et les sangliers font parti des hôtes de prédilection des tiques. Or, ces animaux représente également le réservoir d’hôte de la bactérie Borrelia responsable de la maladie de lyme ! Nous en reparlerons plus en détail dans la suite de cet article.
Il se trouve que l’un des impact de l’homme sur l’environnement est justement de favoriser ces 3 animaux ! La culture intensive du blé et la niche écologique des villes font proliférer rats et souris. En même temps que l’on a rasé 70% des haies (depuis 1950, selon le ministère de l’agriculture) qui abritaient notamment les rapaces prédateurs des souris !
Quant aux cervidés et sangliers, leur population est favorisée par l’agriculture, l’exode rural et les chasseurs. On parle d’une multiplication par 2, 3 ou 10 en quelques décennies selon les régions ! Bref, les animaux sauvages qui sont les repas préférés des tiques vont très bien. Sans comptés nos amis à 4 pattes (chiens et chats) qui sont également très apprécié des tiques, et dont la population augmente.
Habitats des tiques
Le second impact de l’homme qui favorise la population de tique est son habitat. En effet, le biotope préféré du parasite est la forêt clairsemée, les lisières et les herbes hautes.
Or, l’exploitation forestière tend à être de plus en plus intensive et agressive avec la pratique de la coupe rase. En gros, on prend les arbres pour du blé, on coupe tout, puis on replante. Cette pratique déraisonnable est extrêmement nocive pour l’environnement et en plus favorise la population de tique qui apprécie ce biotope !
De plus, les chemins ruraux n’étant plus beaucoup empruntés ni entretenus, aux printemps les herbes hautes y font un parfait habitat pour le tique.
Quels sont les prédateurs des tiques ?
Dans la nature (sans intervention humaine), les populations se régulent d’elles-mêmes par effet d’osmose. C’est à dire que l’équilibre se fait entre population de proies et de prédateurs. Sauf que, à nouveau, l’impact de l’homme sur l’environnement et les prédateurs de la tique est littéralement catastrophique ! L’agriculture moderne intensive (labours profonds, pesticides, fongicides…) ayant détruit les sols et la biodiversité à plus de 95% selon l’expert des sols Claude Bourguignon…
Ces prédateurs des tiques, quels sont-ils ?
Les oiseaux. A ce jour, les chercheurs qui se penchent sur la question ont identifiés les oiseaux comme étant les plus gros prédateurs des tiques. Comme par exemple les vols d’étourneaux, les poules et les pintades. Mais on peut également supposé que les espèces d’oiseaux autochtones en France mangent également les tiques, comme les perdrix et les cailles des blés.
Les insectes. Le monde, c’est comme un jardin potager mais en plus grand. En me documentant sur la liste des insectes prédateurs de tiques, je me suis rendu compte qu’ils sont essentiellement les mêmes que ceux que l’on appelle les auxiliaires de jardins. Larves de chrysope, carabe, guêpes parasitoïdes, araignées, etc etc… mais aussi nématodes et autres champignons entomopathogènes.
Certains mammifères également mangent les tiques, comme les musaraigne, taupe, hérisson et écureuils. A nouveau, l’arasement de 70% des haies de nos campagnes a également détruit l’habitat de ces prédateurs.
Épidémie de Maladie de Lyme
Comme nous en avons parlé précédemment, le réservoir d’hôte des tiques est à peu près le même que celui de borrelia. Les borrelia sont les bactéries responsable de la borréliose, que nous appelons plus communément la maladie de Lyme.
Concrètement, une fois qu’une larve de tique a piqué un animal infecté par la bactérie, elle est elle-même infectée. Le tique devient donc un vecteur de transmission : s’il pique un homme, il risque de l’infecter à son tour…
En France, ce sont plus de 50 000 personnes par ans qui sont infectés par la borréliose. Plus de 400 000 aux USA, et entre 1 et 2 millions de personnes dans le monde sont diagnostiquées infectées pas la borrelia ! Et le chiffre n’arrête pas de croitre.
Comment en sommes nous arrivés-là ? L’intervention de l’homme sur l’environnement augmente la population d’animaux hôtes des tiques et de la borrelia. Donc mécaniquement, la borréliose se généralise. Mais il y a peut être autre chose…
L’origine de la maladie de Lyme
La maladie de Lyme tire son nom de… la ville de Lyme, ou plutôt Old Lyme, juste à côté. Car c’est effectivement dans cette ville des Etats-Unis d’Amérique que commence l’épidémie massive de borréliose en 1975. Précisons tout de même que les tiques existent depuis 60 000 ans, et que le premier homme connu infecté par la borréliose est Otzi, l’européen mort en -3200 avant Jésus Christ.
Concrètement, en 1975 un taux de rhumatisme juvénile (un des symptômes de la maladie) 100 fois supérieure à la moyenne nationale est constatée dans la région de Lyme. Les autorités sanitaires enquêtent, et un scientifique, Willy Burgdorfer constate que la bactérie Borrelia Burgdorferi (nommée en son honneur) présente dans la tique en est responsable.
Pourquoi l’épidémie de Lyme commence-t-elle dans cette région en particulier ? Pas de réponse officielle à cette question. Cependant, Kris Newby, rédactrice scientifique de Stanford et autrice du livre « Bitten : The secret History of Lyme disease and biological weapons » (en français, « Mordu : l’histoire secrète de la maladie de lyme et des armes biologiques ») écrit dans son livre avoir interviewé Burgdorfer avant sa mort.
Ce dernier lui aurait dit avoir travaillé pour l’armée américaine sur un programme de recherche en arme biologique qui utilise des animaux (tiques, moustiques et puces) comme vecteurs de maladie, afin d’en faire un usage militaire.
Burgdorfer travaillait effectivement dans un laboratoire de recherche sur les maladies animales, situé sur l’ile de Plum Island (qui est la propriété de l’armée américaine), qui est située… à quelques kilomètres seulement de Lyme.
Alors : info ou Intox ?
Je ne sais pas, mais l’information a été suffisamment prise au sérieux pour que la Chambre des Représentants (l’équivalent de l’Assemblée Nationale en France) vote en juillet 2019 un amendement pour ouvrir une enquête sur ce sujet. Maintenant, laissons les enquêteurs faire leur travail.
Comment éviter de se faire piquer par des tiques ?
Quelles que soient les causes et les origines de l’invasion de tiques et d’épidémie de borréliose que connait l’occident en ce moment : restons positifs ! Et apprenons comment éviter de se faire piquer et contaminer par la borréliose.
Concrètement, je vous invite à apprendre :
- comment éviter les piqûres de tique
- quels vêtements porter pour se protéger des tiques
- comment enlever proprement une tique
- quand aller chez le médecin pour se faire diagnostiquer après une piqûre de tique
Et tout cela vous allez l’apprendre rapidement et facilement en lisant cet article : Comment se protéger des tiques ?
De plus, n’hésitez pas à communiquer sur le sujet avec vos proches : familles amis, collègues. Car la lutte contre la borréliose est avant tout une course contre la montre ! Plus on la diagnostique tôt, plus on peut la traiter à temps et éviter sa forme grave de Lyme chronique qui est un vrai enfer.
Enfin, si vous aimez la randonnée, les balades en forêt, le trail ou le VTT : vous êtes particulièrement exposés aux tiques et à la borréliose. Donc apprenez à bien vous protéger en fonction de votre activité.
En ce qui me concerne, je suis randonneur et Formateur en Randonnée. Par conséquent j’apprends à mes élèves randonneurs à bien anticiper les tiques pour éviter les problèmes. De la même façon qu’on gère les ampoules aux pieds en évitant d’en avoir, ou les orages en haute montagne en évitant de se trouver dessous ! Tout cela s’apprend, comme dans des programmes de formations adaptés.
Comment éviter les tiques dans son jardin ?
Et oui, car le deuxième endroit où survient le plus de piqûres de tiques, après la forêt, ce sont les jardins et parcs publiques ! Alors pour éviter les tiques dans votre jardin, je vous conseille la manière douce. De la même façon qu’on luttes contre les ravageurs des potagers en favorisant la biodiversité… je pense que l’on peut lutter contre les tiques en favorisant la biodiversité.
Attention, cet avis n’est que le mien, il ne repose sur aucune base scientifique. Seulement sur mon intuition et mon expérience de 12 ans de jardinage dans 5 potager / jardin différents (surtout dans le quart Nord-Est de la France) sans jamais avoir eu une seule tique.
Concrètement, j’ai adopté les principes de la permaculture qui permet une grande diversité d’espèces végétales et animales, afin de retrouver l’osmose où populations de nuisibles et leurs prédateurs s’équilibrent. Ce système comprend des poules, des paillages secs, des plantes aromatiques partout, de l’ail, des nichoirs à insectes, des jachères, etc etc…
D’ailleurs, les champions de la lutte contre l’invasion de tique et la maladie de Lyme sont les américains (notamment du New jersey et du Connecticut, les deux états les plus touchés). Sur les zones de tests de leurs nouvelles méthodes de lutte, ils auraient déjà fait chuter le nombre de cas de borreliose entre 60 et 90%. Et comment font-ils ?
En aménageant leurs jardins, en décontaminant leurs animaux domestiques (chien et chat) et les animaux sauvages vivant à proximités de leurs habitations (chevreuils et souris par le biais de pièges décontaminants). Mais aussi en répandant des souches de nématodes parasites des tiques et de champignons entomopathogènes ! Bref, ils réintroduisent les prédateurs naturels du tique que notre civilisation avait éradiqués.
Attention cependant, nous n’avons pas de retour sur les éventuelles conséquences secondaires de ces expérimentations à long termes. Je pense notamment à la réintroduction de nématodes parasites de la tique et de champignons entomopathogènes, dont le surdosage pourrait affecter par exemple la biodiversité, et la santé d’un potager.
Le Programme CiTique
En plus de toutes ces initiatives que vous pouvez prendre à titre personnel, vous pouvez participez à faire avancer la science avec le programme CiTique. CiTique (des Citoyens, des Tiques) est un programme de recherche participatif conduit notamment par l’Université de Lorraine et l’INRAE.
Concrètement, vous pouvez faire le signalement de vos piqûres de tiques sur le site citique.fr . C’est rapide et gratuit. Puis, vous pouvez capturer votre tique piqueuse après l’avoir enlevée, la collée sur un bout de mouchoir avec du scotch et l’envoyer à l’adresse postale indiquée sur leur site.
Le laboratoire collecte ainsi des milliers de tiques en France, et cela nous permet par exemple de connaitre les taux d’infections à la borréliose des tiques par régions.
Enfin, le programme CiTique fait régulièrement appel à des bénévoles. Par exemple, si vous habitez dans un rayon de 30km autours de Nancy et que vous avez une maison avec un jardin, vous pouvez participer au programme TiquOjardin. Vous recevrez un kit de collecte et d’échantillonnage afin de les prélever.
Plus les scientifiques ont de données à analyser, mieux ils pourront comprendre les facteurs de l’invasion de tiques et de l’épidémie de maladie de Lyme. De cette façon, nous pourrons mieux combattre ces risques de santé publique !
Résumé
Pour résumer, vous pouvez contribuez à lutter contre l’invasion des tiques et la propagation de la maladie de Lyme en :
- apprenant comment se protéger contre les tiques et reconnaitre les symptômes de la maladie
- communiquant avec vos proches
- cultivant votre jardin avec les bonnes méthodes si vous en avez un
- signalant vos piqûres et participer au programme CiTique