Le GR5, la traversée des Alpes est une des plus belle randonnée de France. Et c’est aussi un beau morceau : 600 kilomètres de marche pour 30 000 mètres de dénivelés positif… Alors quel est le meilleur moment pour partir faire son GR5 ? Dans quel sens le faire ? Quels moyens de transport sur son itinéraire ? Faut-il prendre ses variantes ? Comment affronter sa difficulté ? Etc etc… Toute les questions que je me suis moi-même posées avant de le faire en entier en 18 jours. A la fin de cet article, vous saurez tout ce qu’il faut savoir pour se lancer dans ce superbe projet.
Quand faire son GR5
Ca c’est la première grande question que nous nous posons tous. Pour remettre les choses dans leur contexte, il faut savoir que le GR5, dans sa partie alpine qui nous intéresse aujourd’hui, est un GR de montagne. Effectivement, son altitude moyenne est à près de 1800 mètres. Et nous y franchissons plusieurs col à plus de 2500m (avec le point haut au Col de l’Iseran à 2770m).
Qui dit montagne, dit gros hiver et météo capricieuse… du moins pour les gens des plaines (c’est-à-dire la majorité d’entre nous).
Les gros hivers… non seulement sont plus froid, du fait de l’altitude, mais aussi plus long. Par conséquent, en altitude nous pouvons être confronté à des chutes de neige tard au printemps (jusqu’en mai), et tôt à l’automne (dès fin septembre). Pour le randonneur, les difficultés en plus de la température basse, est de se prendre les précipitations, et de marcher sur la neige, avec tout ce que cela implique. Pour avoir une idée du matériel à prendre sur son GR5, je présente le mien ici :
Tout Mon Matériel de Randonnée
La neige…
La neige recouvre tout de son blanc manteau… wahoo… c’est très poétique, et très beau ! C’est vrai. Mais pour ceux qui ne sont pas habitués à randonner en hors saison en montagne, c’est une grosse difficulté. Le balisage disparait peu à peu avec l’épaisseur de la neige. Par conséquent, il va falloir naviguer à la carte ou au GPS. Sans parler de la mauvaise visibilité que l’on peut rencontrer…
De plus, la neige va également masqué le terrain, qui peut être très technique sur les sentiers du GR5, et le rendre particulièrement glissant. Enfin, la succession de gel/dégel pendant les épisodes froid peut verglacer les pierriers… Donc clairement, je déconseille le GR5 en hors saison aux randonneurs débutants en montagne.
Les névés
Mais même en haute saison (on reparle des dates précises dans un instant) nous sommes confrontés tous les ans aux névés. Pour ceux qui ne les connaissent pas encore les névés sont des plaques de neige « éternelle » ou presque, que l’on retrouve sur les hauteurs. Ils fondent au fur et à mesure de l’été, avec la chaleur, mais sont tout de même présent toute l’année.
Par conséquent, vu l’altitude, faire son GR5 implique forcément faire du névé. Beaucoup en début de saison, et très peu voir pas du tout en fin de belle saison. Marcher sur du névé est technique, nous en reparlons dans un article complet sur ce blog.
Donc quand partir ? Et bien pour éviter statistiquement ces difficultés, la belle saison pour faire son GR5 est juillet aout. Ces deux mois sont statistiquement les plus confortables. Il fait chaud, les névés ont fondus au maximum, tous les refuges sont ouverts, etc etc… On peut imaginer faire son GR5 également sur les mois de juin ou septembre, mais en prenant ses précautions en se renseignant sur la présence de névés, et sur l’ouverture des refuges.
Par exemple, j’ai fait mon GR5 Alpin fin aout début septembre 2018. Ce fut un été chaud, donc je n’ai fait qu’une petite session de névé dans la montée du col de la croix du bonhomme, sur quelques centaines de mètres seulement. Même si l’été a été chaud, j’ai eu droit à un petit coup de froid, avec une gelée blanche (0°C) une nuit près du col de la Malmort. J’ai d’ailleurs raconté mon périple sur le GR5 dans cet article : https://lebanquierrandonneur.fr/gr5-les-alpes-en-20-jours-partie-1/
Dans quel sens faire son GR5 ?
Maintenant que nous savons quand partir faire son GR5, s’impose la deuxième grande question : dans quel sens le faire ? C’est une excellente question. En préparant mon propre GR5, j’ai commencé par consulté les informations disponibles à ce sujet sur internet. 90% des sources parlent de le faire dans le sens Nord-Sud, que ce soit les topo-guide, les retours d’expérience, les forums…
Aujourd’hui que j’ai fait mon GR5, et que c’est à mon tour d’en publier mon retex et d’aider les candidats à ce magnifique sentier français, je peux dire oui. Oui, le sens Nord-Sud me paraît pertinent. Et en fait, la seule façon d’infirmer cela c’est de le faire Sud-Nord. Pour tout vous dire, c’est ce que je ferai la prochaine fois que je partirai sur mon GR5, on en reparlera dans quelques années… 🙂
Mais pour l’instant, voyons pourquoi le faire dans le sens Nord-Sud…
Le vent… dans le dos
Quand on prépare un GR, quel qu’il soit, on souhaite mettre toutes ses chances de son côté. Et tout le monde sait que marcher avec le vent de face n’est pas agréable et est plus difficile. Ajoutez à cela la pluie qui vous fouette le visage… et tout de suite, on a très envie d’avoir ce vent dans le dos.
Mais d’où vient-il ce vent ? Ca, pour le GR5 alpin, c’est très difficile…
Je ne suis pas météorologue, et ce n’est pas dans mes compétences de dresser un mapping des vents dominant sur le massif alpin. Cependant, en regardant ces 3 roses des vents de 3 villes situées sur le trajet du GR5 (Thonon au Nord, Briançon au milieu, et Nice au Sud), on peut imaginer une dominance. Celle du vent d’ouest, de l’océan Atlantique, comme dans toute l’Europe occidental.
Puis les accidents de terrains font que le vent dominant est Sud Sud-ouest pour la partie nord du massif, et Nord Nord-Ouest pour le sud de la chaîne. Cette schématisation est un peu simpliste, surtout que l’altitude est un facteur déterminant pour le vent… La seule tendance que l’on pourrait discerner est une dominante Atlantique. Le tracé du GR5 est Nord-Sud. Très légèrement Nord Nord-Ouest -> Sud Sud-Ouest. Donc d’un point de vue éolien, faire son GR5 Nord-Sud est légèrement plus confortable.
Le soleil du GR5
Maintenant passons au critère déterminant n°1 du choix du sens de notre GR5. Nous avons parlé du vent, que l’on aime avoir dans le dos, parlons maintenant du soleil. Là, la solution proposée par les guides et autres organisateurs de randonnée est assez contre-intuitive. Car nous n’aimons pas avoir le soleil dans les yeux, c’est désagréable et gênant.
Le soleil se lève à l’est, et se couche à l’ouest. Je pense que tout le monde sera d’accord sur ce point. Dans l’hémisphère Nord de notre monde, l’été, le soleil vient su sud, du fait de l’inclinaison de l’axe de rotation de la planète. On pourrait donc conclure que théoriquement, pour avoir le soleil dans le dos, mieux vaudrait faire son GR5 dans le sens Sud Nord.
Théoriquement : oui.
Cependant, le terrain de la montagne est différent d’une théorie toute plate. Avec le relief, deux choses vont changer fondamentalement :
- Tout d’abord, l’effort. En randonnée, quand ça monte, c’est dur. On fait un gros effort cardio-respiratoire. De plus, on le fait chargé d’un sac de 10 ou 15 kilos : c’est encore plus dur. Et pour finir, le GR5 nous réserve des trésors d’endurance. J’ai adoré l’ascension du Col du Bonhomme et ses presque 1500 mètres de dénivelés positif d’un seul tenant…
- Ensuite, l’ensoleillement. Face nord à l’ombre, au frais et à l’humidité ; face sud en plein soleil.
Or, lorsque nous sommes en plein effort, ça chauffe. C’est dans ces moments-là que l’on sue, et on arrive au sommet trempé de notre propre sueur, en plein vent. Une excellente façon de prendre un coup de froid. Donc mieux vaut monter à l’ombre, sur la face nord.
A l’inverse, la redescente est beaucoup moins difficile pour les muscles, donc on ne surchauffe plus, puis on se refroidi. Ce serait bien de la faire en plein soleil.
Ca tombe bien, notre sens Nord-Sud va combiner ses deux choses. Ce raisonnement est particulièrement valable pour ceux d’entre nous qui faisons le GR à un rythme de 20 ou 25 kilomètres par jours, les étapes étant faites pour. Et il reste plutôt valable même pour ceux qui font plus de kilomètres, se lèvent à 4h du matin, ou ceux qui privilégie les bivouac d’altitude.
La mer méditerranée : la carotte du GR5 ^^
Le Pèlerin marche vers Saint Jacques, Mike Horn marche vers le pôle nord, le Night King marche vers WinterFell, et bien le randonneur du GR5 marche vers… la mer méditerranée 😉 . Il faut une carotte au bout du chemin, les hommes sont fait ainsi. Et bien à nouveau le sens Nord-Sud nous apporte totale satisfaction !
Car après avoir passé 20 ou 30 jours en montagne, à se laver dans les torrents à 6-8°C… l’idée de pouvoir se baigner dans une mer chaude en arrivant est très motivante !
Pour ma part, cela a été la cerise sur le gâteau. Lors de cette expédition, j’en enchaîné non-stop le GR5 alpin, le Tour du Mont Blanc et le GR20 Corse. Près de 30 jours dans la montagne en autonomie, à faire ma toilette et la lessive dans des eaux plutôt fraîches et revigorantes. Alors autant vous dire que la baignade à mon arrivée sur la plage de Nice a été une bénédiction !
Pour l’anecdote, alors que j’étais en train de sauter à l’eau, trop content de me baigner dans une eau chaude et par la même occasion… d’arrêter de puer la sueur… j’entend une enfant pleurnicher à côté de moi : « Bouhouhou… Papa ! Elle est trop froide ! » Tout est une question de point de vue…
GR5 C Briançon (variante)
Maintenant que la date et le sens sont fixés, rentrons un petit peu plus dans le détail de l’itinéraire du GR5. D’ailleurs nous ne parlons aujourd’hui que du GR5 Alpin, sa partie la plus connue (et la plus sportive). Mais le GR5 est un chemin de Grande Randonnée bien plus long que cela, puisqu’il part de la mer du nord, en Hollande. Il traverse les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, enfin la France et ses Vosges, Jura et Alpes. Au programme : 2 500 kilomètres de marche ralliant la froideur de la mer du Nord à la chaleur de la Méditerranée.
Les concepteurs de ce beau chemin ont prévu des variantes. C’est-à-dire une branche balisée du GR qui fait un détour, souvent pour passer par un endroit magnifique, spectaculaire.
C’est le cas de la variante GR5 C par la ligne de crête au nord de Briançon. Elle est assez aérienne, puisque l’on se retrouve vraiment sur l’étroite ligne de crête sommitale. Pour tout dire, j’ai le vertige, et j’étais presque à ma limite. Le passage est donc impressionnant pour les gens sensibles, et un peu sportive, notamment le début de la redescente vers Briançon qui a un dénivelé important.
Mais… sincèrement, c’est l’un des plus beaux spots de tout le GR5. Par vue dégagée c’est une merveille. Je conseille vraiment cette variante à ceux qui sont suffisamment à l’aise en montagne.
La Vallée des Merveilles (variante GR52)
Ah… la vallée des Merveilles. Il s’agit de la variante la plus connue du GR5. La bifurcation a lieu quelques jours de marche avant d’arriver à la méditerranée. Alors que le GR5 « normal » part vers Nice, le GR52 part vers Menton, en passant par cette fameuse vallée.
Tout les gens qui ont fait les Merveilles me l’ont conseillée. La vallée est parait-il magnifique, plutôt bien préservée, et le GR passe par un site archéologique exceptionnel. Des milliers de peintures rupestres dans un excellent état de conservation jalonnent le parcours.
Avec un peu d’inspiration, on pourrait presque voir nos ancêtres, juste là devant nous… en train de peindre des mammouth, des rennes et tigres aux dents de sabre.
Autre avantage de cette variante : le retour à la « civilisation » à Menton est beaucoup moins violent qu’à Nice…
Transport et Logistique
Un autre détail technique de la préparation de notre GR5, est la logistique. Heureusement pour nous, les GR ont été tracés par la Fédérations Française de Randonnée Pédestre, dans l’état d’esprit de rendre accessible à tous ces magnifiques marches. Concrètement, le GR5 est jalonné d’une trentaine de gares SNCF et d’arrêts de bus. Soit un tous les 25 kilomètres environ. On peut retrouver sur internet des listes de ces possibilités de transport.
Difficultés du GR5
Après avoir survoler ensemble le choix de la date, du sens, et de l’itinéraire de ce fameux GR, n’oublions pas le principal. Le GR5 est un épreuve physique, on parle de marcher près de 600 kilomètres et 30 000m de D+, ça ne s’improvise pas ! Et pour passer un bon moment, mieux vaut bien se préparer avant de partir.
A mon sens, une bonne préparation repose sur 4 points essentiels :
- Un bon choix du matériel et des chaussures, afin de partir léger et en confort/sécurité
- Une bonne préparation physique, car notre corps est notre outil n°1. C’est ce qui fait la différence entre souffrance/blessure, et passer un bon moment pour profiter de son GR5 🙂
- Se former au connaissances de base de la montagne, afin de savoir comment réagir lorsque les choses se compliquent
- Préparer sa logistique et ses points de ravitaillements afin de ne porter que la nourriture nécessaire
Ce sont précisément ces 4 points que nous abordons ensemble dans la Formation Vidéo GR5. Je l’ai conçu après avoir moi-même marcher 15 000 kilomètres de trek et de GR ces dernières années.
Cette expérience combinée avec les milliers de rencontres faites sur les sentiers et 3 ans d’activité de formateur en randonnée font que je sais quelles questions on se pose avant de partir, et comment y répondre. En l’occurrence, sous la forme d’une série de vidéos détaillant tous le choix du matériel, les exercices concrets de préparation physique, etc etc… doublé d’un SAV pour répondre à toutes vos questions complémentaires. Pour avoir plus d’informations sur cette préparation complète, je vous donne rendez-vous juste ici :